Sommes-nous en train de laisser mourir les restos familiaux?

J’me pose une question ces temps-ci : est-ce qu’on est en train de regarder tranquillement mourir les restos familiaux en Amérique du Nord?

Moi, j’ai grandi là-dedans. J’en dirige encore un aujourd’hui. Pis je vais être honnête avec vous—c’est pas facile. Les coûts montent, trouver du staff c’est un casse-tête, pis juste garder les portes ouvertes, c’est un combat de tous les jours. Mais le vrai problème, c’est pas juste si on va survivre ou non. C’est qu’est-ce qui arrive à nos histoires de bouffe quand ces restos-là disparaissent.

Pensez à la bouffe d’immigrants. Pendant des décennies, on la méprisait comme de la « take-out ethnique ». Mais mets le même plat dans un autre contexte, pis soudainement, ça devient “gastronomique”. J’ai déjà vu du butter chicken servi avec juste le poulet sur l’assiette, pis après le serveur arrive pour verser la sauce devant toi comme si c’était un gros show. Voyons donc. Ma mère en rirait.

La vérité, c’est que les mêmes recettes que nos familles immigrantes cuisinent depuis des générations sont aujourd’hui considérées comme “élevées” seulement quand on enlève les gens et les lieux qui leur donnaient un vrai sens. Ça, c’est pas du progrès. C’est de l’effacement décoré d’un persil.

Quand un resto familial ferme, on perd plus qu’une place où manger. On perd une partie de notre mémoire collective. On perd les tantes et les oncles qui ont traversé l’océan avec leurs recettes dans les valises. On perd des espaces où la culture, la survie pis l’hospitalité vivaient ensemble.

Faque voilà mon pitch : si vous aimez la bouffe, si vous aimez la culture, si vous aimez l’âme de nos villes—encouragez les restos familiaux. Pas parce qu’ils ont besoin de charité, mais parce qu’ils portent nos histoires. Pis une fois qu’ils sont partis, tout ce qu’il reste c’est une performance vide—de la sauce versée à table, un peu de fumée pour le spectacle—pendant que les vraies histoires disparaissent du menu.

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What if food wasn’t a spectacle, but a sanctuary?